Australie, 1889 : Isabel Gray, prostituée et reine des opales...


L’un des rares portraits d’Isabel Gray à la fin de sa vie ; la reine déchue vivait alors dans la misère et de sa collection d’opales, il ne restait rien. Elle finit dans un asile psychiatrique.

Australie, le 11 décembre 2020 - Nous n’aurons pas la cruauté d’affirmer qu’on a les reines qu’on peut, mais force est de reconnaître que le patrimoine historique australien comprend quelques personnages peu recommandables, voire peu fréquentables. Dans ce Far West du Pacifique Sud, il est vrai que les conditions de vie – et de survie – n’étaient pas simples et que des caractères hors normes furent forgés par les contraintes ; ce fut le cas d’Isabel Gray, qui occupa bien des emplois, exerça le plus vieux métier du monde mais fut tout de même appelée “la reine des opales”.

L’opale est un peu à l’Australie ce que le diamant est à l’Afrique du Sud ou l’or au royaume des Incas. La gemme symbolise le mieux les richesses incroyables du sous-sol de l’île-continent ; certes, les Aborigènes, bien avant les Européens, connaissaient cette drôle de pierre multicolore, mais ils ne lui avaient jamais accordé de valeur particulière alors que les Occidentaux débarqués dans le bush comprirent très vite qu’ils tenaient avec ces pierres la chance de faire fortune.


1872 : première mine

Aujourd’hui encore, plusieurs zones minières sont exploitées en Australie, et notamment au Queensland, pour leurs opales. Les grands sites de production ont pour nom Lightning Ridges, Angaston, Coober Pedy (1912) ; Anadmooka (1930) et Mintabie (1976).

La première découverte d’opale australienne et attribuée à un géologue allemand, Johannes Menge, en 1849 près de la localité d’Angaston (75 km au nord-est d’Adélaïde). Mais le décollage de l’activité minière ne se fit pas avant la fin du XIXe siècle, dans le Queensland où les premières découvertes remontent à 1872. En fait, l’histoire de l’opale en Australie est complexe et embrouillée puisque si les découvertes furent nombreuses dans le dernier quart du XIXe siècle, et même deux ou trois ans auparavant, ce n’est pas avant 1889 qu’un dénommé Tully Wollaston parvint à imposer sur le marché ces pierres venues de l’autre côté de la planète, les grossistes étant alors fidèles aux opales de l’Europe de l’est (Hongrie essentiellement). 
 

Un grand nombre de noms est avancé pour incarner le premier mineur d‘opales d’Australie, mais force est de reconnaître que le véritable premier découvreur et exploitant demeure inconnu, même si la plus vieille mine, celle de Lambert et Berkelman, à Barcoo (sud-ouest du Queensland), daterait de 1872, mine dont les pierres furent présentées à la London International Gem Exhibition début 1873. 
 

Un autre pionnier est M. O’Brien qui découvrit des opales d’origine volcanique et de qualité gemme en 1872 à Springsure, dans la chaîne de Carnarvon. On n’est pas très sûr de ce qu’il fit de sa découverte, mais il est probable qu’il chercha à passer la main, puisqu’un accord le lia à un certain F. Batho qui, lui, exploita réellement le gisement. A tel point que ce même M. Batho se rendit deux fois à Londres, entre 1879 et 1884 pour y vendre la bagatelle de 150 livres de belles et bonnes opales brutes. Un tel poids laisse à penser qu’elles étaient encore dans leur gangue...


Eulo, le pays des lézards

Eulo était un carrefour régional à la fin du XIXe siècle, au centre d’une large zone d’extraction des opales. Aujourd’hui, la bourgade ne compte que quelques dizaines d’habitants mais des centaines de lézards si l’on en croit le panneau de bienvenue.

C’est à White Cliffs, en Nouvelle-Galles du Sud qu’une exploitation professionnelle de l’opale précieuse démarra en 1890, puis à Opalton dans le Queensland en 1896, à Eulo en 1897 et enfin, plus tard, à Lightning Ridges (Nouvelle Galles du Sud) en 1905. Et c’est la petite ville d’Eulo qui retiendra toute notre attention, car c’est là que sévit celle qui, plus tard, répondit au surnom de “reine des opales”.

Eulo, autant le dire de suite, est ce qu’il convient d’appeler un “bled perdu” dans le bush, loin de tout, sans aucun intérêt ou presque, où il règne une chaleur infernale, où l’eau est rare, mais qui se situe au cœur d’une zone effectivement riche en opales. 
 

Elle est située dans le comté de Paroo, à plus de 885 km à l’ouest de la ville de Brisbane, dans ce que l’on appelle l’outback. La population, au recensement de 2016, se montait en tout et pour tout à quatre-vingt quinze personnes éparpillées sur une surface (de la commune) de plus de six mille kilomètres carrés. Autant dire que l’on ne s’y bouscule pas... “Welcome to Eulo, Lizard Country” peut-on lire sur un grand panneau à l’entrée de la minuscule bourgade. Le panneau précise qu’il n’y a que cinquante habitants localement, mais qu’on y a recensé mille cinq cents lézards !
 

Le site fut occupé à partir de 1872 car il abrite un point d’eau, rareté absolue dans cet environnement de terre rouge et de quasi désert. Un élevage fut créé sur la Paroo River, un bureau de poste ouvrit le 6 septembre 1872 avant que le statut de “ville” ne soit proclamé en 1874, secteur défini comme “proche du trou d’eau d’Eulo”. Le développement minier du village fit qu’un petit poste de police ouvrit le 1er janvier 1880, un bureau du télégraphe l’année suivante, un tribunal de simple police ayant fonctionné d’août 1880 à décembre 1964. Enfin une école, primaire bien entendu, permit d’éduquer a minima les enfants des éleveur et mineurs de la région à partir du 7 mai 1888, date de la première rentrée...


Des mines et des tailleurs de gemmes

Si vous vous rendez à Eulo aujourd’hui (en admettant que l’Australie rouvre ses frontières), vous ne trouverez qu’un seul magasin.

Pour ceux qui seraient tentés par l’aventure, il y a aujourd’hui un hôtel, avec bungalows ou chambres (il fait évidemment bar et restaurant, mais aussi camping), un pub, une épicerie et un dépôt d’essence. Comme on ne manque pas d’humour dans ce genre de trou perdu, on y organisait chaque année le World Lizard Racing Championships sur le Paroo Track, occasion de faire courir des lézards et autres petites varans ou iguanes, en buvant, faut-il le préciser, force bières ! Mais malheureusement pour l’animation “culturelle” d’Eulo, les écologistes “de la ville” sont venus mettre leur nez dans ce spectacle et le rendez-vous annuel a dû être annulé et finalement définitivement supprimé... O tempora, o mores dirait Cicéron (qui n’y connaissait sans doute rien en matière de lézards australiens) !
 

Mais revenons à nos opales avant de passer la main à la reine du jour : avant 1900, les opales, d’où qu’elles venaient, étaient expédiées brutes en Allemagne, essentiellement dans la ville d’Idar Oberstein, capitale mondiale des lapidaires et autres tailleurs et polisseurs de pierres dures et de gemmes. 

Petit à petit pourtant, certains immigrants d’Allemagne justement, des professionnels de la taille, vinrent s’installer en Australie amenant avec eux leur savoir-faire et des machines. Ainsi en 1907, Charles Deane fut-il enregistré comme le premier tailleur d’opales installé sur le champ de Lightning Ridges. D’autres suivirent, à Nettleton et bientôt un peu partout ; seul bémol à l’introduction de ces machines, beaucoup de mineurs, désireux de gagner plus, s’improvisèrent eux-mêmes tailleurs et polisseurs et très souvent ils firent plus de mal que de bien à leurs pierres brutes.


Née en Angleterre ou à l’île Maurice ?

C’est pour ces pierres aux feux extraordinaires (ici une opale noire de Lightning Ridge) qu’Isabel Gray n’hésita pas à payer de sa personne ; elle était obsédée par ces gemmes et se prostitua pour en obtenir des mineurs et prospecteurs passant à sa portée. Il faut croire que malgré la grande valeur de ces pierres, beaucoup de prospecteurs acceptèrent de s’en séparer pour des moments de plaisir chez la “reine des opales”.

Eulo, insignifiante bourgade de l’outback se trouvait au moment de ce qui fut un peu une ruée sur l’opale dans une zone centrale entourée de secteurs riches en promesses sinon en gemmes. Un chapeau, une pelle et une pioche ne suffisent pas pour vivre, il fallait pouvoir se nourrir. Le gîte et le couvert, c’est ce qu’offrit cette drôle de bonne femme qu’était Isabel, qui eut la bonne idée de se placer dans un endroit stratégique et de donner un peu de temps au temps pour se faire connaître. 
 

Mais au fait d’où sortait cette Isabel aux origines pour le moins floues ?

Officiellement, Isabel Gray vit le jour probablement en 1851, rien n’est certain. Sur son premier certificat de mariage il est fait état de sa naissance en Angleterre. Sur son second certificat de mariage, elle se battit bec et ongles pour que l’île Maurice figure comme le lieu où elle aurait vu le jour. Personne finalement n’a pu obtenir un document précis attestant de sa naissance, ce qui fait qu’entre une date non prouvée et un lieu inconnu, difficile d’affirmer quoi que ce soit sur la demoiselle.  D’autant que pour compliquer les choses, ses parents supposés, le capitaine de l’armée britannique James Richardson et sa mère, une dénommée Priscilla Wright, non mariés, auraient fait éduquer leur fille illégitime quelque part dans un pensionnat en Suisse, établissement évidemment coûteux, où elle aurait reçu la meilleure des éducations... Du moins l’affirma-t-elle. On ne sait même pas quand et comment elle arriva en Australie, probablement en 1868, sans doute parce que cette enfant illégitime devenait trop encombrante pour ses parents adultérins.


L’appel du bush...

A Sydney, on ne sait ce que fit Isabel Richardson, puisqu’elle portait le nom de famille de son père, mais elle dut sentir l’appel du bush puisqu’on retrouve sa trace seulement une année plus tard, en 1869. Elle vit alors dans un trou perdu, Warialda, à cinq cents kilomètres au nord de Sydney, en Nouvelle Galles du Sud. Le petit bourg a une vocation agricole : culture, élevage, rien de bien passionnant pour une jeune fille ambitieuse, mais il faut croire qu’elle s’y plut puisqu’elle s’y maria le 29 avril 1869 avec le superintendant d’une exploitation fermière, James McIntosh, 32 ans, d’origine écossaise comme l’indique son patronyme. 

Le couple vécut sans histoire, mais le mari d’Isabel ne fit pas de vieux os puisqu’il décéda peu de temps après cette union. 
 

Sans ressource, Isabel, qui avait alors 18 ans, 19 tout au plus, ne revint pas à Sydney où elle aurait pu trouver un travail voire un mari, mais remonta au nord, pour s’établir à Roma dans le Queensland, site agricole de plus grande importance que Warialda. Le 2 mars 1871, la jeune et jolie veuve McIntosh se remaria avec Richard William Robinson responsable d’une ferme d’élevage à Spring Grove, non loin de la (très) petite ville de Surat (qui elle-même se trouve à 80 km de Roma). 

Dans ce coin perdu du sud du Queensland, à 450 km environ de Brisbane, il n’y avait pas beaucoup de distractions et la carrière du mari d'Isabel semblait toute tracée. Le couple préféra bouger, chercher des opportunités, et finalement, un peu par hasard, mais dans un contexte riche de promesses de belles opales, les Richardson ouvrirent un petit hôtel à Eulo, toujours dans le Queensland. 

A l’époque, Eulo servait de point de relais entre Thargomindah et Cunnamulla et se positionnait comme un carrefour sur la route de Hungerford. Voyageurs, aventuriers, prospecteurs, ouvriers agricoles en quête de travail, tout un petit monde se côtoyait à Eulo, s’y croisait, s’y rassemblait, faisait des affaires, dénichait des embauches ou montait des projets... et buvait !


Hôtels, magasin, boucherie...

Eulo s’était développé au milieu du bush grâce à la Paroo River, en fait un point d’eau unique dans la région.

Autant dire que le petit bouiboui des Robinson ne tarda pas à se développer, au point que le 1er septembre 1889, Isabel et son mari décrochèrent les titres de pleine propriété de leur hôtel, mais aussi les licences leur permettant de vendre de l’alcool ; l’établissement ressemblait plus à un saloon de l’ouest américain qu’à une aimable pension de famille puisqu’il était doté également d’une salle de billard, moyen idéal de fixer une certaine clientèle assoiffée. Dans la foulée, un peu plus tard, les Robinson dirigèrent même un magasin de fournitures générales, une boucherie et deux autres hôtels ! Autant dire que les affaires étaient florissantes...
 

A Eulo, Isabel oublia très vite les principes de la stricte éducation qu’elle affirmait avoir reçue en Suisse, si tant est qu’elle ait jamais mis les pieds au pays des édelweiss. 

Pour que les affaires marchent, il fallait donner de sa personne. Quelle est la nature exacte des liens qui unissaient cette femme décrite comme belle, séduisante, très attirante et son mari ? Cela reste, avec le temps une énigme, car aujourd’hui le mari en question tomberait tout simplement pour proxénétisme. En effet, Isabel passa vite de la salle du rez-de-chaussée à l’étage. Dans sa chambre régna une activité intense : Isabel y stockait de l’alcool et les messieurs qui y avaient accès trouvaient de quoi se divertir amplement avec les bonnes bouteilles et les charmes de la “patronne” (qui, plus tard, étoffa son offre en jeunes femmes pas farouches). A propos d’alcool, Isabel qui surfait sur les règlements, se vit confisquer en 1890 pour cent livres de liqueurs qu’elle détenait illégalement.


Une passion pour les opales

C’est à partir de 1872 que le Queensland a commencé à livrer ses superbes opales aux prospecteurs venus chercher fortune. Isabel eut la bonne idée, avec son mari, de s’installer dans ce qui était un carrefour important de cette région semi-désertique. Son “sens de l’hospitalité” fit le reste.

Jeux de hasard (et d’argent bien entendu), ivrognerie, “parties fines” on pouvait tout demander à Isabel, il suffisait d’en avoir les moyens. Et pour une belle fille au milieu du bush, personne ne regardait à la dépense. En 1890, alors qu’Isabel connaissait une certaine prospérité, elle avait certes déjà 40 ans, mais elle faisait jeune, était bien conservée et ne reculait devant rien pour satisfaire sa clientèle. On se doute que le bouche à oreille fit le reste et que très vite, non pas “radio cocotier” mais “radio baobab” permit au Royal Mail Hôtel d’acquérir une très solide réputation.
 

Ce qui intrigue dans la relation (souvent orageuse) entre le mari complaisant et la femme, c’est qu’Isabel gardait une grande partie des bénéfices de son engagement personnel. La région était en effet riche en opales et la dame se prit de passion pour ces gemmes si exotiques, aux couleurs chatoyantes. Ces pierres la fascinaient et plutôt que du bel et bon argent, elle aimait par dessus tout être rémunérée en opales qu’elle échangeait à des mineurs ou à des négociants moyennant un moment de plaisir. Le matin, elle contemplait à la lumière du jour, dans ses mains, le fruit de sa récolte nocturne, sur laquelle apparemment Richard Robinson ne prenait pas sa dîme. Il est vrai qu’il gagnait très largement sa vie grâce à son bar, hôtel, restaurant et que sur la partie “bordel”, Isabel régnait seule.


Une immense collection d’opales

Impossible pour Isabel Gray de résister à la beauté des opales brutes ; elle sut payer de sa personne pour en acquérir encore et toujours plus...

Pour illustrer la passion d’Isabel pour les opales, les chroniqueurs de l’époque, visiteurs de passage qu’impressionnait cette étrange courtisane, ont signalé qu’elle portait une extraordinaire ceinture faites avec de grosses opales brutes et des coquilles de fossiles opalisés (comme on en trouve beaucoup en Australie dans les mines).
 

Comment est-elle devenue la reine des opales, la reine d’Eulo ? Les avis sont partagés. Certains affirment que c’est elle-même qui se donna ce titre tandis que d’autres assurent que c’est sa clientèle qui ainsi la surnomma. Le fait est qu’elle possédait alors une immense collection d’opales, la plus grande et la plus riche du monde dirent certains voyageurs qui eurent la chance de contempler ses richesses. Des richesses qu’Isabel ne tenta pas de transformer en billets de banque, car elle aimait trop les pierres pour songer à s’en séparer.

Malheureusement, en 1893, l’Australie connut une crise financière, les opales se vendirent mal et la faillite de la Queensland National Bank un peu plus tard (en 1896) coûta de fortes sommes aux Robinson qui furent contraints de réduire la voilure en termes de train de vie. 

Pour autant, la vie continua pour le couple qui demeura soudé malgré la vie de débauche d’Isabel et les fréquentes querelles (Isabel réussit à faire emprisonner son mari 48h pour le vol d’un poulet !). William pourtant, à ce petit jeu des nuits interminables, s’épuisa vite et le 18 octobre 1902, il décéda à Cunnamulla au sud du Queensland.

Un an plus tard, le 31 octobre, Isabel se remaria à Eulo, avec un jeune Tasmanien de vingt-neuf ans, Herbert Victor Gray ; un garçon sans doute très naïf puisque sa “jeune épouse” affichait cinquante-trois ans au compteur alors qu’elle lui avait affirmé n’en avoir que trente-cinq !

Les affaires reprirent, les hôtels et autres boutiques demeurant au nom d’Isabel qui parvint à reconstituer sa fortune, en enrichissant sa collection d’opales. 


Bagarre dans le couple

C’est sur la fin de sa vie, lors d’un voyage en Europe qu’Isabel Gray, la soixantaine, a considérablement dilapidé sa fortune et bradé ses opales pour mener grand train.

En 1913, à 63 ans, épuisée par la vie de patachon qu’elle avait menée sans s’économiser, Isabel vendit semble-t-il une bonne partie de ses gemmes et partit mener la grande vie en Europe, dilapidant son argent sans compter. Le retour en Australie, à Eulo, en plein bush, fut nettement moins glorieux. Il y avait de l’eau dans le gaz entre les deux époux et Herbert Gray finit par perdre son sang froid, battit sa femme qui porta plainte. Le mari violent fut condamné à payer une amende vingt-cinq livres, grosse somme à l’époque (que sa femme paya), mais Isabel n’en resta pas là ; elle refusa évidemment que son époux regagne la chambre conjugale et lui ferma même les portes de son hôtel. Ils vécurent dès lors séparés.
 

La Première Guerre mondiale avait éclaté, les Australiens mobilisaient des troupes, Herbert Gary s’engagea dans ce qui s’appelait alors l’Australian Imperial Force ; manque de chance, il tomba malade et décéda avant même d’embarquer pour la France, destination du contingent australien.

Evidemment, la Grande Guerre dépeupla quelque peu l’Australie de beaucoup de jeunes hommes, les affaires ralentirent et surtout le modernisme fut in fine fatal à Eulo : nouvelles routes et chemins de fer facilitèrent les transports, l’escale sulfureuse perdit de son intérêt et les activités minières autour de l’opale s’effondrèrent en même temps que le marché international. L’heure n’était plus, après le conflit, à acheter des bijoux, mais à reconstruire.


Isabel totalement ruinée

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur les opales australiennes et la “reine Isabel”, ce livre de C.W. Wurth est incontournable.

Les activités de la reine de l’opale cessèrent les unes après les autres, et Eulo devint ce qu’il est aujourd’hui et ce qu’il était avant le boom de l’opale, un trou perdu sans aucun intérêt.
 

La situation financière d’Isabel devint si critique qu’en 1926, elle était totalement ruinée et ne survivait que grâce à la maigre pension qu’en tant que veuve d’un militaire engagé elle touchait. Une telle déchéance ne contribua pas à soutenir son moral alors qu’elle approchait 80 ans. Malade, ayant perdu la raison, elle fut finalement internée dans un asile psychiatrique, celui de Willowburn, à Toowoomba où elle s’éteignit le 7 août 1929. Elle repose aujourd’hui dans le petit cimetière de Toowoomba. De sa collection d’opales qui passa pour la plus riche de la planète, il ne restait rien. Son testament révéla qu’elle n’avait plus que 30 livres...


De nos jours, l’Australie demeure le premier pays producteur et exportateur d’opales, mais depuis un peu plus de dix ans, un nouveau concurrent s’est placé sur le marché, l’Ethiopie, sans oublier le Mexique.

Rédigé par Daniel Pardon le Vendredi 11 Décembre 2020 à 10:00 | Lu 2834 fois